RGPD et gestion des impayés : le guide pratique pour les credit managers

Le 17 juin 2025, Leto a participé à un événement de l’AFDCC (Association Française des Credit Managers et Conseils) consacré à un sujet devenu structurant pour les credit managers : la gestion des impayés à l’ère du RGPD. Lors de cette rencontre, les intervenants (CNIL, experts juridiques, Leto) ont rappelé qu’il s’agit aujourd’hui de trouver « le bon équilibre entre efficacité du recouvrement et respect de la réglementation sur la protection des données ». Edouard Schlumberger, co-fondateur de Leto, y a d’ailleurs présenté des solutions technologiques pour assurer la conformité RGPD dans le recouvrement.

Comment concilier recouvrement des créances et conformité RGPD ? Ce guide pratique fait le point, s’appuyant sur le référentiel publié par la CNIL relatif aux traitements de données mis en œuvre aux fins de gestion des impayés dans le cadre d’une transaction commerciale.

Finalités autorisées : recouvrement et exclusion des impayés avérés uniquement

Première étape pour rester conforme : définir précisément les finalités du traitement. Le référentiel de la CNIL encadre les traitements de données personnelles dont l’objectif est exclusivement de gérer des impayés avérés. Concrètement, cela recouvre deux finalités principales :

  • (a) le recensement des cas d’impayés avérés,
  • (b) l’identification des personnes en situation d’impayé dans le but de les exclure de futures transactions commerciales (par exemple, refuser un nouveau contrat à un client qui n’a pas réglé ses précédentes factures).

Attention : les données collectées dans ce cadre ne doivent pas être utilisées pour d’autres objectifs incompatibles avec ces finalités. De même, il ne doit pas y avoir d’interconnexion ni de partage de ces informations en dehors de ce qui est strictement nécessaire pour atteindre ces finalités de recouvrement.

À noter que ce référentiel ne couvre pas d’autres usages des données liés aux impayés. Par exemple, la CNIL exclut explicitement : la prévention des impayés (notamment les traitements de scoring pour évaluer le risque qu’un client devienne mauvais payeur), l’enrichissement de votre fichier d’impayés par des informations obtenues auprès de tiers, ou encore la mutualisation/partage de listes de clients en impayé avec d’autres entreprises créancières (hors recours normal à un sous-traitant de recouvrement).

Bases légales : exécution du contrat ou intérêt légitime ?

Une fois la finalité clarifiée, il convient de déterminer la base légale appropriée pour le traitement de données d’impayés. Deux bases sont généralement pertinentes dans ce contexte :

  • L’exécution du contrat liant le client et l’entreprise. Si le client doit une somme en vertu d’un contrat de vente ou de prestation, le traitement de ses données pour recouvrer cette créance peut être nécessaire à l’exécution de ce contrat. Le RGPD impose toutefois que seules les données nécessaires à l’exécution du contrat (ou de mesures précontractuelles demandées par le client) soient collectées et traitées. Autrement dit, mentionner une donnée dans vos CGV ou votre contrat ne suffit pas : il faut pouvoir justifier qu’elle est indispensable pour fournir le service ou le bien attendu. Si ce critère est rempli, la base « exécution du contrat » est toute trouvée.
  • L’intérêt légitime de l’organisme (ou d’un tiers) à recouvrer sa créance. C’est une autre base légale possible, à condition de ne pas porter une atteinte disproportionnée aux droits et libertés de la personne concernée. En pratique, recouvrir un impayé financier peut relever de l’intérêt légitime de l’entreprise créancière. Il faut alors effectuer un test de balance : l’intérêt de l’entreprise à récupérer son dû est-il équilibré avec l’impact sur la vie privée du client ? A-t-il été informé et peut-il s’y opposer ?

La CNIL souligne que si l’intérêt légitime n’est pas exclu pour justifier un traitement d’impayés, la base de l’exécution du contrat est généralement plus appropriée dans ce contexte. En effet, le fait qu’un client n’ait pas payé une facture découle directement de la relation contractuelle. À retenir : lorsque c’est possible, privilégiez la base « contrat », plus transparente pour le client (qui s’attend à ce que vous traitiez ses données pour remplir vos obligations mutuelles).

Par ailleurs, faites très attention si vous envisagez des décisions entièrement automatisées. Par exemple, un système qui exclurait automatiquement un client de tout nouveau service en cas d’impayé non réglé. Le RGPD (article 22) encadre strictement ce type de décision sans intervention humaine. Dans le référentiel CNIL, il est indiqué que si une exclusion est décidée de manière 100 % automatisée, le traitement doit obligatoirement reposer sur la base légale de l’exécution du contrat (et non sur l’intérêt légitime). En effet, l’article 22(2)(a) n’autorise les décisions automatisées produisant des effets juridiques que si elles sont nécessaires à un contrat avec la personne concernée. Quoi qu’il en soit, n’oubliez pas d’informer les personnes de la base légale que vous retenez, car c’est ce qui conditionne notamment l’existence (ou non) d’un droit d’opposition pour elles.

Données personnelles traitées : uniquement ce qui est pertinent

Le principe de minimisation des données doit guider toute collecte dans le cadre du recouvrement. La CNIL invite les organisations à ne collecter et utiliser que les données personnelles pertinentes et nécessaires pour gérer les impayés. Quelles sont-elles ? Le référentiel cite principalement trois catégories de données :

  • Données d’identification du débiteur (et le cas échéant de la caution personnelle s’il y en a une). Il s’agit des informations permettant d’identifier la personne ayant une dette impayée, par exemple : nom, prénom, coordonnées, référence client, etc. Important : votre identifiant interne ne doit jamais être un numéro de carte bancaire, ni un numéro de Sécurité sociale, ni un numéro de pièce d’identité. Si vous avez besoin de vérifier l’identité d’un client, il suffit généralement de consulter sa pièce d’identité sans nécessairement en conserver une copie. La CNIL tolère la conservation d’une copie de la pièce d’identité uniquement dans certains cas précis (par ex. obligation légale, ou nécessité de preuve en cas de contentieux futur) et pour une durée maximale de 6 ans. Et si vous devez garder cette copie, appliquez des mesures de sécurité renforcées : qualité d’image dégradée ou filigrane avec date et nom de votre société, stockage en archive séparée et non en base active, etc., afin d’éviter tout mésusage (comme la reconnaissance faciale sur la photo).
  • Données relatives aux moyens de paiement utilisés. Vous pouvez conserver certaines informations liées au moyen de paiement ayant été à l’origine de l’impayé (par exemple, type de carte utilisée, IBAN, statut du prélèvement, etc.), dans la limite de ce qui est nécessaire pour recouvrer la somme due ou comprendre l’origine de l’échec de paiement (cf. le point 7 du référentiel CNIL pour les détails sur la sécurité des données de paiement).
  • Données sur l’incident de paiement lui-même. Ce sont les informations factuelles sur l’impayé : numéro de dossier ou de facture impayée, date à laquelle l’impayé est survenu, montant resté dû, et l’objet de l’impayé (par exemple un descriptif du produit ou service qui n’a pas été payé). Ces données permettent de documenter la créance et sont indispensables pour le suivi du recouvrement.

Au-delà de ces catégories, demandez-vous toujours si chaque donnée que vous collectez est bien justifiée. Par exemple, l’état civil complet ou la profession du client sont-ils utiles pour gérer un impayé ? Si non, abstenez-vous de les collecter.

Qualité et exactitude des données. La CNIL insiste pour que l’organisme s’assure tout au long du traitement que les données restent exactes et à jour. Cela inclut de corriger rapidement une information inexacte (par ex. montant de la dette, statut du paiement) et de vérifier, avant d’exclure une personne d’un service, que vous ne faites pas erreur sur son identité. En pratique, des mesures de vérification supplémentaires peuvent être prévues en cas de doute (demander une confirmation d’identité, etc.), afin d’éviter par exemple les homonymes ou l’usurpation d’identité. Vous ne voudriez pas refuser un nouveau contrat à la mauvaise personne à cause d’une confusion de fichiers !

Durées de conservation : 48h après paiement, 5 ans sinon

Autre question incontournable : combien de temps conserver les données relatives aux impayés ? Le RGPD impose de fixer des durées de conservation limitées et proportionnées à la finalité. Il est interdit de garder ces données indéfiniment. La CNIL recommande de s’aligner sur les durées légales de prescription en vigueur. En France, une créance commerciale se prescrit généralement par 5 ans, ce qui va orienter la durée maximale de conservation.

Le référentiel CNIL propose les règles concrètes suivantes :

  • Si l’impayé est régularisé (le client a fini par payer ce qu’il devait) : les informations sur cette personne doivent être effacées sous 48 heures à partir du moment où l’organisme constate la régularisation, ou au plus tard 48h après le paiement effectif. Autrement dit, dès qu’un client s’est acquitté de sa dette, on retire son nom du fichier interne des impayés dans les deux jours. Pas de traitement inutile une fois le problème résolu : cela respecte le droit à l’oubli du client et évite de continuer à le pénaliser alors qu’il s’est mis en règle.
  • Si l’impayé n’est pas régularisé : les informations peuvent être conservées dans le fichier interne recensant les personnes en situation d’impayé (et servant à les exclure d’un service ou d’une nouvelle prestation) pendant 5 ans maximum à compter de la date de l’impayé. Cette limite de 5 ans correspond, en simplifiant, au délai de prescription légale : au-delà, la créance n’est plus légalement recouvrable et il n’y a plus de raison légitime de traiter les données du client pour cet impayé. D’un point de vue pratique, il est judicieux de prévoir une purge automatique des dossiers d’impayés dès que ce délai de 5 ans est atteint.
  • Conservation à des fins d’archivage : même après suppression des données du fichier actif, vous pouvez les archiver si une obligation légale l’exige (par exemple, conserver des factures pendant 10 ans à des fins comptables ou fiscales), ou si vous souhaitez garder des éléments de preuve en cas de contentieux ultérieur. Dans ce cas, on parle d’archivage intermédiaire : les données ne sont plus exploitées couramment, elles sont mises de côté de façon sécurisée, pour la durée prévue par la loi ou le délai de prescription applicable. Pensez à les anonymiser si vous ne nécessitez que des statistiques : des données véritablement anonymisées ne sont plus considérées comme personnelles et échappent au RGPD.

En résumé : 48h pour effacer un dossier soldé, 5 ans max pour un impayé persistant, et au-delà on bascule en archivage (ou on supprime définitivement si plus aucune obligation ne justifie la conservation). Ces règles garantissent un juste équilibre entre vos besoins de suivi et le droit du client à l’oubli.

Transparence : bien informer les clients débiteurs

La transparence est l’un des maîtres-mots du RGPD. Vos clients doivent savoir que vous pourriez traiter leurs données en cas d’impayé, et comment. Le référentiel CNIL détaille quand et comment informer les personnes concernées :

  • Dès la collecte des données ou la conclusion du contrat. Au moment où le client souscrit à votre service ou fournit ses informations, vous devez l’informer qu’il existe un éventuel traitement de données relatif aux impayés. Autrement dit, incluez dans vos mentions d’information (politique de confidentialité, clause dédiée dans le contrat) une phrase expliquant que si le client ne respecte pas ses obligations de paiement, ses données pourront être inscrites dans un fichier interne de gestion des impayés. Cette information préventive est exigée par le RGPD (art. 13) et évite l’effet de surprise : le client sait à quoi s’en tenir.
  • En cas d’incident de paiement avéré. Si un impayé survient, il faut adresser au client un premier avertissement. Informez-le des moyens dont il dispose pour régulariser sa situation (modalités de paiement, échéancier, etc.), et signalez-lui qu’il a la possibilité de présenter ses observations ou de demander un réexamen de sa situation. Cette étape est importante pour respecter le droit à l’explication du client : peut-être conteste-t-il la facture, peut-être traverse-t-il des difficultés particulières. Laissez-lui la chance de s’exprimer ou de négocier avant toute mesure plus restrictive.
  • En cas d’absence de régularisation. Si malgré vos relances le client ne paie pas, et que vous vous apprêtez à l’inscrire dans votre fichier d’exclusion interne (celui qui recense les « mauvais payeurs » pour bloquer de futures transactions), vous devez l’en informer explicitement également. Dites-lui, par exemple, qu’en l’absence de paiement sous tel délai, il sera inscrit dans la base interne des impayés et ne pourra plus bénéficier du service jusqu’à régularisation. C’est une sorte de mise en demeure informative, qui peut d’ailleurs avoir un effet dissuasif : le client comprend qu’il risque d’être bloqué, ce qui peut le motiver à payer.

Dans tous les cas, vos communications d’information doivent aussi rappeler comment la personne peut exercer ses droits (accès, rectification, etc.) et qui contacter pour cela.

Droits des personnes concernées : ne pas les négliger

Même si un client vous doit de l’argent, il conserve l’ensemble des droits sur ses données personnelles prévus par le RGPD. Voici les principaux, à intégrer dans vos processus :

  • Droit d’accès, de rectification, d’effacement : le débiteur peut demander si vous détenez des données sur lui dans le cadre d’un impayé, d’en recevoir une copie, de corriger des informations inexactes, voire de supprimer ses données (sous réserve que le traitement ne soit plus justifié). Bien entendu, en cas de dette non soldée, vous avez en général le droit légitime de conserver les données jusqu’à paiement ou expiration du délai, mais il faudra répondre aux demandes et, le cas échéant, effacer ce qui n’a plus de raison d’être (par exemple, si la dette est annulée ou le litige clos, le client peut exiger la purge immédiate de ses données).
  • Droit à la limitation du traitement : si le client conteste la réalité de la dette ou l’exactitude des données (montant, identité, etc.), il peut exiger la suspension temporaire du traitement le temps de la vérification. Concrètement, cela signifie geler l’utilisation des données (ne plus les partager ni les exploiter) tant que le différend n’est pas tranché. Ce droit permet d’éviter qu’une éventuelle erreur cause un préjudice au client.
  • Droit à la portabilité : le client peut vous demander de lui transmettre ses données personnelles dans un format électronique standard, ou de les envoyer directement à un tiers qu’il désigne. Toutefois, ce droit ne s’applique qu’aux données fournies par la personne et traitées de façon automatisée sur base de son consentement ou d’un contrat. Dans le cas des impayés, cela pourrait par exemple concerner les informations qu’il a lui-même fournies lors de la régularisation (preuve de paiement, nouveau RIB, etc.). En pratique, ce droit est rarement sollicité ici, mais prévoyez-en la possibilité.
  • Droit d’opposition : si vous traitez les données sur base de votre intérêt légitime, le débiteur a le droit de s’opposer au traitement de ses données. Vous pouvez refuser d’accéder à cette demande uniquement si vous avez des motifs légitimes impératifs qui prévalent (par exemple, faire valoir en justice votre créance pourrait justifier de maintenir le traitement malgré l’opposition). Notez que si le traitement est fondé sur l’exécution du contrat, ce droit d’opposition ne s’applique pas ; d’où l’importance de choisir la bonne base légale comme on l’a vu.
  • Droits en cas de décision automatisée : comme mentionné plus haut, si vous avez un système qui décide automatiquement de sanctionner un client (par ex. blocage informatique de son compte client après X jours de retard de paiement), la personne a le droit de ne pas faire l’objet d’une décision uniquement automatisée produisant un effet juridique significatif sur elle, à moins que cela ne soit nécessaire à un contrat. Même dans ce dernier cas, elle doit au minimum avoir la possibilité de demander l’intervention d’un humain, de donner son point de vue et de contester la décision. Autrement dit, si un client estime qu’il y a une erreur ou une circonstance à considérer, vous devez lui offrir un recours humain (par exemple via votre service réclamation ou votre DPO) pour revoir sa situation.

En pratique, il est essentiel de mettre en place des procédures internes pour traiter ces demandes rapidement et efficacement. La CNIL recommande de faciliter l’exercice des droits, par exemple en fournissant aux personnes une adresse e-mail de contact dédiée ou les coordonnées directes de votre Délégué à la Protection des Données (DPO). Vous pouvez également installer le formulaire dédié proposé par Leto. Ne dissuadez jamais un client d’exercer ses droits : au contraire, montrez que vous prenez la protection de ses données au sérieux, même en phase de recouvrement. Cela participe d’une relation client plus saine et peut éviter des litiges supplémentaires (voire des signalements à la CNIL).

Sécurité des données : les bonnes pratiques CNIL à appliquer

Dernier pilier du RGPD (mais non des moindres) dans la gestion des impayés : la sécurité des données. Vous traitez potentiellement des informations sensibles (dettes, incidents de paiement), il faut donc les protéger contre toute fuite ou accès non autorisé. Le RGPD impose de prendre les mesures techniques et organisationnelles appropriées pour garantir un niveau de sécurité adapté au risque (art. 32). Le référentiel CNIL énumère à titre indicatif un ensemble de bonnes pratiques de sécurité applicables à ce contexte. En voici les principales à mettre en œuvre :

  • Sensibilisation et gouvernance interne : Informez et formez vos équipes qui accèdent aux données d’impayés. Adoptez par exemple une charte informatique rappelant les règles de confidentialité, et assurez-vous qu’elle soit connue et respectée. Un utilisateur conscient des enjeux est la première barrière contre les fuites de données.
  • Authentification et contrôle d’accès : Chaque employé doit disposer d’un identifiant individuel (pas de compte partagé) et d’un mot de passe robuste pour accéder aux applications de recouvrement. Suivez les recommandations de la CNIL en matière de mots de passe (longueur, complexité, changement régulier, stockage chiffré – jamais en clair). Limitez strictement les droits d’accès : définissez des profils en fonction des besoins (service recouvrement, service contentieux, etc.), supprimez les accès obsolètes sans attendre, et faites une revue des habilitations au moins une fois par an.
  • Traçabilité et gestion des incidents : Mettez en place un journal de logs enregistrant les accès et actions sur les données d’impayés. Informez vos utilisateurs que ces accès sont tracés (transparence interne). Protégez ces journaux (droits d’accès restreints, stockage sécurisé) pour éviter toute altération. Prévoyez une procédure pour gérer les violations de données : en cas d’accès frauduleux ou de fuite, vous devez être capable de réagir vite et notifier la CNIL et les personnes concernées si nécessaire.
  • Sécurité des postes de travail et terminaux mobiles : Les données RGPD sont souvent manipulées sur des ordinateurs ou smartphones professionnels. Assurez-vous que les postes sont configurés avec un verrouillage de session automatique après quelques minutes d’inactivité. Installez un antivirus à jour et un pare-feu sur chaque poste. Si un technicien doit intervenir sur un poste, demandez l’accord de l’utilisateur avant de prendre la main à distance. Pour les appareils mobiles (laptop, smartphone) contenant des données de recouvrement, utilisez du chiffrement (disques chiffrés, VPN pour les connexions distantes) et forcez un code ou mot de passe de déverrouillage robuste. Effectuez des sauvegardes régulières des données importantes, ou activez la synchronisation sécurisée, afin de prévenir la perte de données.
  • Sécurité du réseau et des serveurs : Segmentez et limitez les flux réseau au strict nécessaire pour le recouvrement. Sécurisez vos accès distants via un VPN et chiffrez les connexions (ex : protocole HTTPS/TLS pour vos applications web internes). Pour le Wi-Fi, utilisez au minimum WPA2 avec un mot de passe solide. Sur vos serveurs hébergeant la base d’impayés, restreignez l’accès aux consoles d’administration aux seules personnes habilitées. Mettez à jour régulièrement vos systèmes et appliquez sans délai les correctifs de sécurité critiques. Planifiez également la sauvegarde des données du serveur pour garantir leur disponibilité même en cas d’incident.
  • Sécurité applicative : Si vous utilisez une application ou un portail web pour le suivi des impayés, pensez aux bonnes pratiques OWASP. Activez le chiffrement TLS (HTTPS) et vérifiez qu’aucune info sensible (comme un mot de passe ou un identifiant de session) n’est visible dans l’URL. Mettez en place des contrôles de saisie pour empêcher les injections SQL/XSS en cas de formulaires ouverts. Ces mesures protègent contre des attaques courantes qui pourraient exposer vos données de débiteurs.

En appliquant ces mesures de sécurité « défense en profondeur », vous réduisez fortement le risque de voir vos données d’impayés fuiter ou être compromises. Non seulement c’est une exigence du RGPD, mais c’est aussi essentiel pour conserver la confiance de vos clients et éviter des sanctions en cas de contrôle CNIL.

Faut-il réaliser une analyse d’impact (AIPD) ?

L’analyse d’impact relative à la protection des données (AIPD, ou PIA en anglais) est une étude exigée par l’article 35 du RGPD pour les traitements susceptibles d’engendrer un risque élevé pour les droits et libertés des personnes. Tous les traitements de gestion d’impayés ne nécessitent pas forcément une AIPD, mais il convient de se poser la question. Le référentiel CNIL invite les organismes à se référer aux listes publiées par la CNIL : la liste des traitements dispensés d’AIPD, et celle des traitements pour lesquels une AIPD est obligatoire.

Justement, dans la liste de la CNIL des traitements devant faire l’objet d’une AIPD figure un cas assez parlant pour notre sujet : les traitements impliquant le profilage de personnes pouvant aboutir à leur exclusion d’un contrat ou d’un service. Par exemple, un traitement antifraude sur les moyens de paiement utilisé pour bloquer des clients serait typiquement soumis à AIPD. Si votre traitement d’impayés inclut ce genre de mécanisme de profilage ou d’exclusion automatisée, il y a de fortes chances qu’une AIPD soit requise.

Si votre traitement n’apparaît sur aucune des deux listes de la CNIL, il faut alors évaluer s’il remplit au moins 2 des 9 critères de risque définis par le CEPD (Comité Européen de Protection des Données). Ces critères incluent notamment : l’évaluation ou la notation des personnes (scoring), la décision automatisée, le traitement à grande échelle, le croisement de données de sources diverses, ou encore le fait de priver une personne d’un droit, d’un service ou d’un contrat. Or, un traitement d’impayés qui aboutit à priver quelqu’un d’un nouveau contrat et qui repose sur un processus automatisé coche déjà deux cases (exclusion de service + décision auto) – ce qui rend l’AIPD obligatoire. Chaque situation doit être analysée, mais en pratique, si vous mettez en place un fichier d’exclusion de clients combiné à des règles automatiques, mieux vaut prévoir une AIPD.

Réaliser une analyse d’impact peut sembler fastidieux, mais c’est un excellent moyen de passer en revue les risques et de s’assurer que vous avez bien prévu toutes les mesures de protection nécessaires. Pour vous guider, vous pouvez vous appuyer sur les principes du référentiel CNIL (qui constituent déjà un bon canevas), ainsi que sur les outils méthodologiques fournis par la CNIL sur son site. Impliquez également votre DPO (si vous en avez un), c’est son rôle de vous aider à évaluer les risques et de valider (ou non) l’absence de risque élevé. Enfin, la solution Leto peut également vous aider. Et si, malgré vos précautions, l’AIPD montre que le risque reste élevé et ne peut pas être suffisamment atténué, n’oubliez pas qu’il faudra consulter la CNIL avant de déployer le traitement (art. 36 du RGPD).

Sensibilisation interne : 5 micro-questions pour vos équipes

La conformité RGPD dans la gestion des impayés n’est pas qu’une affaire de processus et de documentation : c’est aussi une question de culture d’entreprise. Vos équipes (service recouvrement, comptabilité, relation client, etc.) doivent comprendre les bonnes pratiques et réflexes à adopter. Pour ancrer ces notions, rien de tel que des actions de sensibilisation interne régulières. Leto recommande par exemple des micro-formations ludiques sous forme de quiz (micro-learning de 2 minutes par semaine). Voici 5 exemples de micro-questions que vous pourriez poser à vos collaborateurs pour tester et renforcer leurs connaissances :

  1. À quel moment informer le client ?Dès la signature du contrat, devez-vous prévenir le client qu’il pourrait être inscrit dans un fichier d’impayés interne en cas de défaut de paiement ?
  2. Durée de conservationVrai ou Faux : on peut conserver indéfiniment les données d’un client en impayé tant qu’il n’a pas réglé sa dette.
  3. Données à supprimerUn client a finalement régularisé son impayé. Que faites-vous de ses données personnelles relatives à cet incident ?
  4. Droit au gel des donnéesUn client conteste un impayé qui lui est attribué, estimant qu’il y a une erreur. Quel droit RGPD peut-il exercer pour que vous suspendiez temporairement tout traitement le concernant le temps de vérifier ?
  5. Décision automatiqueVotre système bloque automatiquement les commandes d’un client dès qu’il a un impayé de plus de 30 jours. Que devez-vous mettre en place pour respecter le RGPD vis-à-vis de ce client ?

En animant régulièrement ce type de quiz en interne, vous faites vivre la compliance de façon concrète et engageante. Les collaborateurs intègrent mieux les réflexes (par exemple, penser à effacer un dossier soldé sans attendre, ou ne pas partager des infos d’impayé hors cadre autorisé). Chez Leto, nous constatons que la sensibilisation continue est clé pour maintenir un haut niveau de conformité au quotidien – et éviter l’erreur humaine qui représente 88 % des failles de sécurité d’après Stanford.

Conclusion : allier recouvrement efficace et conformité, c’est possible

En tant que directeur financier ou credit manager, vous avez tout intérêt à faire du RGPD un allié dans votre stratégie de recouvrement. Une gestion des impayés conforme au RGPD, c’est une gestion plus rigoureuse, plus transparente et finalement plus efficace : des données mieux organisées et sécurisées, des clients informés et respectés, et au bout du compte une réduction des litiges et des risques juridiques. Certes, la mise en conformité peut sembler contraignante, mais elle en vaut la peine. Et vous n’êtes pas seuls : des solutions existent pour vous faciliter la tâche !

A propos de l'auteur
Edouard Schlumberger

Co-fondateur de Leto, Edouard a rencontré les problématiques de mise en oeuvre de la protection des données personnelles durant ses différentes aventures entrepreneuriales précédentes.

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